Le CIRAS*, qui avait organisé le 27 novembre 2013 une visite de ces fouilles emblématiques de la Grande Guerre (mettre en lien le résumé), a pris connaissance avec consternation de
cet article paru aujourd'hui dans le Courrier Picard. Cet article constitue l'épilogue d'une campagne
de désinformation menée par la propriétaire du site pour des motifs qui nous apparaissent obscurs.
A notre connaissance, les fouilles menées par l'équipe dirigée par Peter Barton l'ont été avec une grande rigueur scientifique et un professionnalisme reconnus par tous, y compris par la
DRAC. Y participait notamment le Groupe d'Intervention et d'Etudes des Ouvrages Souterrains, à la compétence unanimement reconnue pour son savoir-faire dans ce type de recherches. Les recherches
ont permis de recueillir des données inestimables sur la chronologie desévènements et la vie quotidienne dans les tranchées tout en exhumant quelques soldats britanniques,allemands et "poilus"
qui, pour certains ont pu être identifiés.
Chacun a pu apprécier la disponibilité de cette équipe pluridisciplinaire qui, loin de toute considération mercantile et au prix d'efforts considérables pour sécuriser le site et le rendre le
plus pédagogique possible, a toujours été disponible pour accueillir et informer le public sur le résultat de ses recherches. Conférences, participation à la Journée Archéologique de Picardie
organisée à Amiens, projection d'un film à la Boisselle et site Internet (http://www.laboisselleproject.com/fr/) dédié ont
fortement contribué, en France comme en Angleterre, à populariser ce coin du département particulièrement martyrisé pendant la Première Guerre mondiale.
Si l'arrêt des fouilles devait être confirmé, celui-ci serait tout à fait regrettable dans la mesure où les résultats resteraient incomplets et que bien des données restent encore à recueillir.
Une chose est sûre : sans le dynamisme induit par une campagne de fouilles, le site de La Boisselle retournerait vite à l'oubli dont l'avait sorti l'équipe de Peter Barton appelé à larescousse
pour le faire vivre.
*Le CIRAS a apporté son aide technique à l'équipe de fouille, notamment pour la constitution du dossier de demande de subvention auprès de la DRAC et pour la gestion de cette subvention.
Courrier picard du 26 janvier 2014
| PATRIMOINE |
Rien ne va plus entre la propriétaire du site du Glory hole près d'Albert et l'équipe britannique de fouilles. Pour l'instant, Claudie Llewellyn ne souhaite pas poursuivre le chantier.
Cela faisait déjà plusieurs mois que le torchon brûlait. Après trois années de collaboration, les relations entre Claudie Llewellyn, propriétaire du site du Glory hole à La Boisselle, près
d'Albert, et l'association The La Boisselle study group semblent désormais être dans une impasse. Les campagnes de fouilles qui se succèdent depuis 2011 sont aujourd'hui suspendues pour une durée
indéterminée. « Je ne vois pas de perspectives d'avenir », lâche, implacable, la propriétaire.
Tout avait pourtant bien commencé. En décembre 2010, Claudie Llewellyn confiait à l'association britannique The La Boisselle study group le soin de réaliser des fouilles archéologiques et
historiques dans son terrain situé rue de la 34 e Division. Et ce, afin de le préserver de futures constructions immobilières. Très vite, des galeries de la Grande Guerre et les restes d'une
ferme sont découverts.
Mais, tandis que les trouvailles s'accumulent, l'ambiance se dégrade entre la propriétaire et les membres de l'association britannique. Un premier point de rupture est atteint en mai 2012.
Claudie Llewellyn s'étonne des visites organisées sur le site et craint de le voir exploité à des fins commerciales par les Britanniques, le temps des commémorations du centenaire. « Il n'y a pas
de vision à long terme », fustige-t-elle alors.
Entrée rebouchée
Afin de préserver le Glory hole et offrir un cadre légal à cet espace, elle monte l'association des Amis de l'îlot de La Boisselle le 24 août 2013. Mais cela ne suffit pas à calmer les
esprits. « J'ai très mal vécu les deux dernières campagnes de fouilles en fin d'année dernière. La situation était très tendue avec l'équipe. On m'interdisait l'accès au site », affirme Claudie
Llewellyn.
Las, la propriétaire a décidé de se laisser du temps avant d'accepter - ou non -, le nouveau plan de fouilles soumis par l'association britannique pour les trois prochaines années. En
attendant, l'accès au souterrain a été entièrement rebouché.
Au désarroi de Claudie Llewellyn qui se sent trahie. « Le premier contrat établi avec le Study group s'est terminé le 24 janvier. J'estime qu'il n'a pas été respecté. Il était prévu qu'on me
laisserait le choix, à l'issue de ces trois ans, de garder le site en l'état ou de le remettre dans son état initial. Là, je n'ai pas eu le choix. Tout a été rebouché. On m'a dit que c'était
dangereux. Je ne vois pas, dans ces conditions, pourquoi j'autoriserais de nouvelles recherches si c'est dangereux. »
Et de préciser toutefois : « Je ne suis pas opposée aux fouilles. J'espère qu'elles reprendront un jour mais tant que je n'ai pas de vision claire sur l'avenir, le site restera en l'état.
C'est la meilleure façon de le préserver. »
Ses espoirs se tournent désormais vers la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), chez laquelle un dossier a été déposé en vue d'obtenir le classement du Glory hole au patrimoine
régional.
Mais au-delà des fouilles, Claudie Llewellyn aimerait que quelque chose de concret sorte de ce lieu de mémoire. « J'aimerais au minimum qu'il y ait autre chose à voir. Pourquoi ne pas créer
un hall dans lequel on présenterait les objets exhumés. Là, il n'y a rien d'autre qu'un champ à cultiver. Le site mérite d'être préservé et j'aimerais qu'il y ait une vision à long terme. À
défaut, il restera comme il est. »
Pas sûr dans ces conditions, qu'on revoye un jour une équipe d'archéologues au Glory hole. Pour Line Wattraint, maire d'Ovillers-La Boiselle, l'équation est simple : « Si la propriétaire
décide d'arrêter, la municipalité ne peut que s'incliner. » The La Boisselle study group n'a, lui, pas répondu à nos sollicitations. Quant à la DRAC, elle estime tout bonnement que le chantier
est terminé. Dont acte.
VIRGINIE MAECKER
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