Le site de Ribemont-sur-Ancre, connu depuis le XIXe siècle, a été révélé par les prospections aériennes de Roger Agache à partir de 1962. Il a été fouillé successivement par Alain Ferdière (1966-1967), Jean-Louis Cadoux et Jean-Luc Massy (1968-1987) et Jean-Louis Brunaux (1990-2005). Il s'agit d'un sanctuaire protohistorique dont l'occupation se poursuit à l'époque antique pour donner naissance à une probable agglomération secondaire gallo-romaine dont seuls les bâtiments publics et quelques structures d'habitats et artisanales ont été reconnues. Inscrit sur la liste des monuments historiques en 1993, il a été classé "site archéologique d'intérêt national" en 1995.
Sources grecques et latines à l'appui, J.L. Brunaux a reconstitué un scénario qui place l'origine du site vers 260 av. n.è : c'est en effet à cette date qu'il est investi par de nouveaux arrivants, probablement les futurs Ambiani, après avoir livré victorieusement bataille aux premiers habitants. A l'ouest ou au cœur du champ de bataille, sur un méplat de la partie haute du versant, les vainqueurs auraient aménagé, sur une superficie d'au moins trois hectares, deux "monuments commémoratifs de la victoire". Au début du troisième quart du Ier siècle av. n.è., les bâtiments du "trophée" sont détruits partiellement par le feu.
Ce reportage traite plus précisément de la période antique, lorsque que le site est réaménagé à la suite de la conquête de la Gaule, entre 30 av. n.è. et le début de notre ère probablement par des auxiliaires gaulois de l'armée romaine. Comme à l'époque gauloise, il comprend deux enclos fermés de palissades. Le premier enclos abrite un sanctuaire qui, au prix de vastes chantiers successifs, va connaître un processus continu de monumentalisation durant toute la période romaine. Le second enclos, accolé contre la branche sud du premier, est de forme trapézoïdale et occupe une superficie de plus d'un hectare. Qualifié d'"esplanade", il est interprété comme une aire de rassemblement à vocation politique ou juridique. Les autres structures antiques occupent une surface variant entre 50 et 75 ha. Il semble que cinq places se succèdent depuis le temple, le long de la pente reliant le plateau au fond de la vallée. L'une d'elles abrite un théâtre d'environ 3000 places, qui n'a fait l'objet que de sondages exploratoires ; une autre les premiers thermes qui s'insèrent dans une cour rectangulaire de 33 x 50 m dont la partie nord est occupée par la palestre.
Les places sont toutes bordées par d'autres édifices comprenant des bâtiments publics, des quartiers d'habitation et des zones artisanales, textile et métallurgique. La plupart ne sont pratiquement connues que par la photographie aérienne et les prospections pédestres. Au sein de ce vaste ensemble, qui peut couvrir une trentaine d'ha, quelques éléments de voirie ont pu être observés sous l'aspect d'une épaisse fondation de craie et d'un empierrement de silex.
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