Le CIRAS vous convie à sa prochaine conférence qui aura lieu le vendredi 18 décembre 2015 (20 h 30) à
la DRAC (Salle Robida, 61 rue Saint-Fuscien). Elle sera animée par Marjolaine de Muylder : responsable
de l’opération de fouille (Inrap CIF).
Entrée libre
La présence d’un établissement antique au lieu dit « La Mare aux Canards » à Noyon était supposée depuis 1914 en raison de la découverte de vestiges gallo-romains lors de la construction du canal du Nord. Le diagnostic qui a permis sa mise au jour et la fouille préventive qui a suivi procèdent d’un projet archéologique d’une ampleur considérable conduit par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), anticipant la construction d’un second canal, à grand gabarit (canal Seine-Nord Europe). Ces opérations ont permis d’identifier l’une des plus grandes villae gallo-romaines connues à ce jour dans le Nord de la Gaule. La fouille a concerné 6 ha de la pars rustica de cet établissement hors normes, correspondant probablement seulement à la partie centrale de l’ensemble.
( Bague à monture en or et à intaille en cornaline (© Stéphane Lancelot, Inrap))
Implantée à un endroit privilégié, au carrefour d’un axe routier majeur, la voie de l’Océan du réseau d’Agrippa, et d’une voie navigable importante, l’Oise, la villa de Noyon fonctionne dès les années 20 avant notre ère jusqu’au moins le Ve siècle de notre ère. Dans la vaste portion étudiée (6 ha), presque dès l’origine, la partie productive de l’établissement s’organise de part et d’autre d’une cours intérieure où seul sera présent, un peu plus tard, l’un des deux édifices cultuels que compte l’établissement. Les bâtiments de l’exploitation, de plan relativement stéréotypé, se répartissent de manière régulière sur ses deux flancs, nord et sud. On y reconnaît notamment des habitations, sans doute pour les travailleurs et contremaîtres du domaine, mais présentant souvent un équipement d’un standing remarquable.
Manifestement, la partie fouillée de la pars rustica de la villa de Noyon, qui correspond seulement à la partie centrale de l’établissement, n’est pas celle où avaient lieu principalement les activités agro-pastorales (traitement et stockage), à l’exception d’un unique bâtiment lié à la stabulation, aucun bâtiment d’exploitation, ni aucune autre infrastructure de production agro-pastorale n’ayant été identifié. A contrario, les indices des activités artisanales, voire commerciales pratiquées sur le site sont nombreux. D’ailleurs, à l’instar de plusieurs établissements du même type, la villa de Noyon est manifestement en lien direct avec une agglomération toute proche, celle de Noviomagus, dont rôle économique est clairement tourné vers la production d’objets manufacturés et les échanges. Les objets de la vie quotidienne, en nombre et de qualité, mis au jour à l’occasion de cette fouille nous informe avec un certain détail sur le statut et le niveau de vie élevés de ses résidents, ainsi que sur ces activités.
Figure 1 : La villa de Noyon : 60-70 ap.-fin du IIIe siècle ap. J.-C. (© A. Normier, Des ailes pour la science ; A. Bolo, Inrap ; C. Font, Inrap)
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