La prochaine conférence-dédicace du CIRAS aura lieu le vendredi 14 décembre 2018, à 20h30 à
la DRAC (Salle Robida, 61 rue Saint-Fuscien). Elle sera animée par Alice Bourgois, docteur en
archéologie et en archéozoologie de l’Universite Jules Verne-CRAVO.
L’archéologie de la Grande Guerre
est une branche relativement nouvelle de
la discipline, elle a pourtant révélé toute
son importance pour la mémoire collective
lors des commémorations pour le
centenaire de la première guerre mondiale.
L’archéozoologie de la Grande
Guerre quant à elle permet de relier deux
grands thèmes actuellement au coeur des
préoccupations : le devoir de mémoire
pour préserver la paix entre les hommes et
le bien-être animal.
L’histoire des relations entre les humains et les animaux nous montre que toutes les espèces
vivantes sont liées entre elles, en tout temps et en tous lieux, et cette dépendance mutuelle s’illustre
terriblement lors des conflits meurtriers de 1914 à 1918. La guerre est véritablement mondiale et
«totale» car elle touche non seulement l’humanité, mais également le monde animal dans sa globalité :
animaux domestiques réquisitionnés pour combattre, sacrifiés au nom des nations ou sur le billot des
bouchers pour nourrir les armées ; animaux sauvages massacrés par les obus et les fusillades,
éradiqués, chassés, privés de leur habitat naturel détruit par la folie des hommes.
Dans son livre, Bêtes des tranchées, l’historien Eric Baratay relate, archives et photographies à
l’appui, le destin de ces millions d’animaux entrainés dans cette guerre dévastatrice. Les fouilles
archéologiques menées par les différents opérateurs des Hauts-de-France et du Grand Est viennent
compléter ce discours avec des témoignages directs : les squelettes des animaux morts pendant le
conflit qui donnent une dimension dramatiquement réelle à ces lignes de chiffres et de textes plutôt
abstraites. Encore faut-il diffuser ces données. Beaucoup connaissent l’histoire de Joey dans la fiction
Cheval de Guerre (War Horse en version originale) de Michael Morpurgo, adaptée au cinéma par
Stephen Spielberg, mais moins nombreux sont ceux qui ont entendu parler de Billy the goat, de
Vaillant, pigeon voyageur décoré de l’Ordre de la Nation ou de cette étrange réquisition de chats à
Charleroi. Enfin, comme pour ces soldats inconnus enterrés dans les cimetières militaires du nord de la
France, personne ne connait les noms ni les histoires des chevaux de Chaillon et de la chèvre de
Carspach, personnages anonymes au destin tragique, prisonniers du conflit le plus meurtrier de
l’histoire européenne après la seconde guerre mondiale.
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